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Bib Josse

~ la Bibliothèque communale de Saint-Josse-ten-Noode

Bib Josse

Archives de Catégorie: Coups de coeur

VOS coups de cœur

07 vendredi Jan 2022

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Aujourd’hui nous voulons inaugurer une petite rubrique dédiée à vos coups des cœur : envie de partager une lecture qui vous a touchée, un livre qui vous a ému ou fait rire/voyager/rêver/pleurer? Envoyez-nous votre texte (biliotheque@sjtn.brussels) ou touchez-nous en un mot quand vous passez à la bibliothèque. Ça sera un plaisir de le partager ici dans l’espoir de donner des idées de lecture pour tout âge et tout type de livre (romans, BD, albums, mangas etc.).


Le premier qui se lance aujourd’hui est… Romain!! Il nous partage sa dernière lecture : L’Odyssée d’Hakim, de Fabien Toulmé (Paris : Delcourt, 2018-2021) :


« L’odyssée de Hakim, c’est une bande dessinée documentaire en trois tomes dans laquelle Hakim, un jeune travailleur Syrien, raconte son parcours de réfugié. Il commence au moment de l’arrivée au pouvoir de Bachar Al-Assad et se termine par l’arrivée inespérée de Hakim et son fils en France. Elle retrace leur parcours de migration de plusieurs années, en passant par neuf autres pays.On est tout de suite plongés dans sa vie. On vit ses tiraillements à quitter son pays et sa famille.J’ai été impressionné par sa capacité à retomber sur ses pattes après chacune des nombreuses déceptions et frayeurs qu’il a rencontrées tout au long de son odyssée. En tant que jeune père d’un petit garçon d’un an, j’ai été particulièrement touché par la détresse et la précarité dans laquelle Hakim s’est retrouvé pendant plusieurs années, livré à lui-même, loin de son pays et de ses proches, avec Hadi, son jeune fils qui savait à peine marcher et pas encore parler. Sa jeune femme a eu la chance d’être autorisée à émigrer en France peu de temps après la naissance de Hadi. Mais ni Hakim, ni Hadi n’ont eu le droit de l’accompagner. Nombreux ont été les passages durant lesquels je me suis imaginé à sa place en me demandant si j’aurais été capable de m’accrocher et me débrouiller comme il l’a si remarquablement fait. Ce récit de vie m’a rempli de compassion envers les réfugiés. Même si j’y étais déjà sensibilisé avant de le lire, il m’a donné envie de m’intéresser davantage à cette thématique aussi omniprésente qu’occultée et de m’y impliquer. Avec l’Odyssée de Hakim, vous découvrirez une histoire palpitante, émouvante et pleine de rebondissements et de solidarité qui vous prendra aux tripes tout du long.

Merci à la Bibliothèque de Saint-Josse de m’avoir offert cette belle découverte ! »


Romain

Coup de cœur …

28 mercredi Avr 2021

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Le cloître de sable par Jacques Cels (1956-2018), Ed. Névrosée

S’il n’y avait eu l’initiative heureuse et récente de rééditer Le cloître de sable dans la jeune collection des Sous-Exposés aux éditions Névrosée, l’œuvre protéiforme de Jacques Cels (1956-2018) alimenterait sans nul doute cette rubrique des textes perdus de vue. De l’essai consacré à Bataille ou Michaux au roman en passant par le théâtre et la poésie, Jacques Cels aura développé une écriture exigeante et singulière. Une exigence caractéristique de l’homme qu’il fut et qu’il n’a eu de cesse de transmettre au cours de sa carrière de professeur de français dans l’enseignement secondaire, à ses élèves dont j’ai eu la chance de faire partie. Une langue précise, rigoureuse donc qui cherche constamment l’élégance dans le style. Une écriture qui fait la part belle au « travail des mots » comme le rappelle avec pertinence André Possot, ami de longue date de l’auteur, dans la préface à cette nouvelle édition.

Homme de la conversation, grand lecteur d’Erasme ou de Montaigne, humaniste et agnostique, Cels est un romancier-penseur avant tout. Au rythme de la pensée qui se déploie à travers l’écriture romanesque répond celui, parfois effréné, des dialogues entre les personnages dont on découvre, au fil de la lecture, les passions, les secrets, les désillusions. Le cloître de sable est le récit d’une disparition, d’une recherche, de quêtes initiatiques en quelque sorte par le biais desquelles les personnages se révèlent, s’interrogent, s’évitent parfois. Dans cette étrange lumière de l’attente, le tempo lent de l’écriture permet à l’auteur de multiplier les strates et par là, de nous livrer ses propres questionnements, les liens mystérieux qui unissent la littérature, la musique et les arts plastiques, la question de la croyance, les vertus de la « disputatio » au sens scolastique. La constante recherche d’une certaine forme de sagesse par le dialogue et le raisonnement caractérise les personnages des romans de Jacques Cels.

Roman philosophique ou métaphysique assurément mais pas seulement car ce serait sans compter l’œil du romancier. En scénographe et dramaturge, l’auteur parvient à plonger le lecteur dans une atmosphère énigmatique où les lieux, ici la villa La Méridienne, la mise en scène procèdent de cette étrangeté, formant ainsi « une réalité visuelle et mentale qui ne soit pas une copie du quotidien[1] » pour reprendre les mots de l’auteur. Si les cadres dans lesquels évoluent les personnages semblent baigner dans une sorte de sfumato, ils n’en sont pas moins évocateurs des climats et des ambiances, chers au romancier. La méditerranée, l’Italie et en particulier la Toscane, l’ombre portée d’un mur embrasé de soleil sont les décors où se meuvent les protagonistes en proie aux doutes, aux errements, aux attentes. Toujours désireux de comprendre le présent, de dialoguer dans l’instant, ils s’inscrivent pourtant dans un temps romanesque qui apparaît comme décalé, dans une épaisseur de temps qui s’écoulerait presque plus lentement que leur vie propre.

Comme un faisceau de lumière qui éclairerait les planches d’un théâtre d’ombres, la langue de Jacques Cels illumine les rencontres que chacun peut faire au cours de sa vie avec une œuvre d’art, avec un auteur, une amie, un homme, une femme ou tout simplement avec soi !


[1] Extrait de Carnet d’une pièce ; journal d’automne 1994 in Erasme et les abeilles, Bruxelles, Les éditions de l’Ambedui, 1996

Au cœur même de cette closerie blondoyante, où l’ombre et la clarté se neutralisaient, où par moments notre abandon au silence contrebalançait exactement le poids de nos paroles, jamais nous ne tardions à éprouver l’extraordinaire sensation d’être en un point du monde où venaient s’éteindre tous les conflits, d’être installés dans la pupille d’un œil cosmique où même les puissances les plus antagonistes acceptaient enfin de signer un définitif accord de paix, comme si dans cet espace, ouvert et claustral, rêche et polisseur, plus aucune partie de la matière, visible ou non, ne pouvait projeter de dominer les autres.

Rony Demaeseneer

Nous avons eu le plaisir d’accueillir Sara Dombret, autrice, co-fondatrice et directrice de la jeune maison d’édition bruxelloise « Névrosée ». Ici la vidéo de la rencontre!

Une singulière aventure éditoriale belge…

29 lundi Mar 2021

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur, Divers

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Dans le cadre des coups de cœur de la bibliothèque de Saint-Josse, nous avons eu le plaisir d’accueillir Jacques Hellemans, auteur du livre Les éditions Marabout, Bob Morane et le Québec paru en 2019. Modéré par notre collègue Rony Demaeseneer, ce dialogue a permis de mettre en lumière une histoire éditoriale belge tout à fait singulière : https://www.facebook.com/watch/?v=166733648615467 https://www.facebook.com/Bib.Josse

Préfacé par Henri Vernes, qui vient de fêter ses 102 ans, le livre de Jacques Hellemans retrace l’aventure des éditions Marabout lancées dès 1949 par le verviétois André Gérard. Une aventure éditoriale qui est entre autres à l’origine de la naissance du livre de poche, quatre ans avant que ne soit créée la célèbre collection française. L’ouvrage, richement illustré, montre également l’importance qu’a pu jouer l’œuvre d’Henri Vernes dans la diffusion de Marabout à travers le monde littéraire francophone et son exceptionnelle réception au Québec.

Une rencontre passionnante avec Jacques Hellemans, bibliothécaire, chargé de recherches pour les bibliothèques de l’ULB et fin connaisseur du monde de l’édition belge au XIXè siècle.

Jacques Hellemans, Les éditions Marabout, Bob Morane et le Québec, Québec, Septentrion, 2019, 197 p., ISBN 978-2-89791-061-7

Sur les sentiers de soi

16 mardi Mar 2021

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur, Divers

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À vivre depuis quelques mois comme des reclus, on en viendrait presque à perdre le nord et dès lors, la notion du voyage. Étourdis, désorientés, nous n’avons, comme seul horizon, que celui de la chambre autour de laquelle nous bombinons. Dans cette attente de nouveaux départs, la lecture du volume-anthologie d’Alain Dantinne ravive l’espoir. Celui non seulement d’envisager reprendre la route, entonner une fois encore le chant des pistes mais plus essentiel peut-être, celui de pouvoir choisir son exil intérieur. Et c’est justement par ce titre que débute la déambulation dans l’œuvre du poète-voyageur Dantinne.

Toute la tension qui anime l’écriture de l’auteur est là, présente dès ce premier recueil[1], dans le titre même du premier poème sobrement intitulé Voyage.

Je suis parti

Pour me retrouver

Seul

N’avoir personne

Venant m’avouer

Je ne sais quoi qui sente l’autre

Seul sur les sentes, sur les sentiers ! Mais très vite, l’écriture s’emballe comme emportée, prise par un courant continu à la recherche d’un autre, croisé sur un quai de gare, dans un bar de Copenhague, au détour d’une ruelle d’Istanbul. Le poète se veut seul face à l’immensité que suggère le départ. Une solitude qui ne se dirait pas, se passerait des mots s’il n’y avait la glaise de ces visages dérobés, plus présents peut-être que les paysages qui défilent, et qui forment le matériau du voyage. Ceux-là qui obligent en quelque sorte le voyageur à devenir poète.

La racine est enfouie

Profondément

Au plus intime du voyageur

Elle transmet la vie

Sève adolescente

La légende amitié

Me poursuit

Istanbul


Autre décor, autre tension entre ce que le poète voit et ce que le voyageur ressent. L’ancrage dans le réel est en quelque sorte intimement lié à la surdité des mots. Dès lors, se pose la question de la place que l’on va leur accorder. Comment ne pas les usurper ?

mon silence impuissance

         à voguer dans l’écriture

         à trouver ma violence

demain vague où je crierai

je déchirerai

         ces textes

Si la langue de Dantinne s’immisce parfois dans les replis de la nostalgie, celle-ci est avant tout à chercher dans l’innocence de l’enfance, un émerveillement, un dépaysement, un espace inviolé que délimiteraient les toponymes lus dans les atlas. Les noms des villes et des fleuves piégés, enfermés quelque part dans l’adolescence et que l’on confronte au réel, à l’âge où l’adulte sait enfin qu’il sera toujours un peu déçu.

Le mot surgit

je l’écris

et voilà que je découvre sons sens intime

pierres et briques s’empilent

un jour de l’an dix mille

s’élèvera

l’immense temple

de mon adolescence

Encore cette immensité des lieux visités, des corps aimés et des souvenirs oubliés d’une enfance que l’on jette en pâture. Et pour à nouveau s’en sortir, pour une nouvelle fois couper l’amarre, user encore, malgré tout, de la crudité, de la violence des mots, pour ne pas s’enliser, pour reprendre la cadence qu’impose la route par tous les temps.

La page où la parole s’ellipse

Et s’envole lentement dans le silence

L’intervalle laissé par l’oiseau de passage

Une colère égorgée toute ma violence

Le plaisir inceste qui raccourcit mon texte

Et s’arrête en coulisse au mot désespoir

Le plaisir inceste qui raccourcit mon texte

Et s’arrête au mot…

Il faut lire Dantinne lentement ! Comme pour freiner le rythme imposé par la force des images et que complètent à merveille les peintures de Jean Morette qui sont autant d’escales dans la traversée rageuse du capitaine Dantinne. L’écriture alors se dévoile, fiévreuse, hargneuse, dense et puissante, irriguant de son sang ce jus pisseux d’outremer.

Alain DANTINNE, Amour quelque part le nom d’un fleuve, Jean Morette (ill.), Billère, L’herbe qui tremble, 2020, 271 p., ISBN 978-2-491462-00-0, 17€

                                                                                                                      Rony Demaeseneer

[1] L’exil intérieur, H.C. 1979, réédité par L’Arbre à Paroles en 2005

Deux coups de cœur bruxellois…

13 mardi Oct 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Malgré les nouvelles mesures sanitaires qui touchent de près la bibliothèque de Saint-Josse, l’équipe des bibliothécaires poursuit, en interne, le réaménagement progressif des locaux afin de pouvoir vous accueillir au mieux dès que possible.

De même, en attendant avec impatience le moment de pouvoir rouvrir les portes, nous continuons d’engranger pour vous quelques belles et récentes pépites littéraires à découvrir prochainement…

Parmi celles-ci, deux, en particulier, ont retenu notre attention. Deux coups de cœur d’auteurs bruxellois que nous souhaitions mettre en avant.

Avec Le fil des traversées, Anna Ayanoglou signe un premier récit poétique, épuré mais dense, qui nous entraîne vers les pays de la Baltique. Outre le fait que ce premier livre est publié chez Gallimard, ce qui est déjà une belle performance, l’auteure parvient à rendre avec peu de mots l’atmosphère fantomatique de ces pays écorchés, Estonie, Lituanie où elle a vécu et enseigné le français. Des villes qui sont autant de vestiges d’une guerre aussi froide que le climat de la région, là-bas tout au nord de l’Europe. Une belle surprise que ce livre d’Anna Ayanoglou,  née à Paris et qui a posé  ses valises à Bruxelles où elle anime entre autres une émission radio consacrée à la poésie internationale. Pour vous donner une idée, pour voyager un peu en ces temps incertains…

C’était peut-être simplement l’explosion de mai / l’impression de recouvrer la vue, mais ce soir-là / dans les rues de Vilnius noyées sous le feuillage / les époques perlaient de partout, ce qui était resté / toutes les âmes, toutes les vies à plusieurs fonds. 

Né à Liège, Rossano Rosi est, depuis plusieurs années, directeur dans l’enseignement secondaire à Bruxelles. Licencié en philologie classique et romane, l’auteur n’est pas un novice. Avec sept romans et trois recueils de poésie, il a su s’imposer comme une des voix importantes de la littérature belge contemporaine même s’il reste discret et peu médiatisé. Rosi poursuit ainsi une œuvre toute en nuance, balançant entre mélancolie et humour. Ancrés dans le réel, les histoires que distille Rosi bifurquent en général très vite vers l’étrange ou du moins vers une réalité chargée de correspondances qui se télescopent de manière parfois incongrue. Un basculement vers l’absurde que Rosi, en fin connaisseur de Queneau, entretient et avec lequel il joue constamment.

Avec ce dernier livre, Le Pub d’Enfield Road,  paru chez l’éditeur bruxellois Les Impressions nouvelles auquel il reste fidèle, l’auteur nous emmène en Angleterre, dans la banlieue londonienne, sur les traces d’un professeur de lycée proche de la retraite. Raymond Raymont – un nom comme un clin d’œil à Queneau mais aussi aux Dupont d’Hergé, deux initiales R. R. qui sont peut-être d’ailleurs aussi celles de l’auteur lui-même –  accompagne ses étudiants lors d’un voyage scolaire à Londres. La traversée de la ville sera l’occasion pour lui de ranimer les souvenirs d’un précédent voyage dans la capitale, quarante ans auparavant, en compagnie notamment de celle qui deviendra sa femme. Mais très vite, des coïncidences quasi improbables vont réunir présent et passé. Un récit d’une grande exigence littéraire, plein de références jubilatoires qui font immédiatement penser aux films de Jacques Tati. La force de l’écriture de Rossano Rosi réside sans doute là, dans ce mélange d’ironie, de nostalgie et de désinvolture qui sont autant d’ingrédients du monde tel qu’il tourne … c’est-à-dire souvent mal !

Le grand départ avait eu lieu près de vingt-quatre heures auparavant, dans la nuit d’une mi-janvier blafarde et glaciale. Tous criaient, pleins d’excitation ; tous hurlaient leur joie de partir ; tous montaient dans l’autocar en faisant mine de se bousculer sauvagement ; tous se mirent à chanter en chœur des airs, des rythmes ignorés – tout féru de musique qu’il avait été au cours de sa vie – de Raymond Raymont. Et lorsque après avoir passé le barrage douanier de Calais et oublié les silhouettes en guenilles de ces Peaux-Rouges d’un nouveau style alignées le long des crêtes des talus surplombant l’autoroute, il s’était finalement trouvé un coin tranquille à bord du bateau, loin des agglutinements de jeunes… 

Anna Ayanoglou, Le fil des traversées, Paris, Gallimard, 2019, 97 p., ISBN 978-2-07-284427-0

Rossano Rosi, Le Pub d’Enfield Road, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2020, 180 p., ISBN 978-2-87449-763-6

Poésie belge en vrac…

17 dimanche Mai 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

≈ 3 Commentaires

Notre collègue Rony Demaeseneer a été l’invité du @SJTN live de ce jeudi. Vous avez encore la possibilité de revoir ce moment : https://www.facebook.com/114889600159808/videos/561047541497496/ .

Ci-après son texte pour vous accompagner dans cette petite balade poétique. Bon/ne visionnage/écoute/lecture. Et bon dimanche aussi!

La Belgique, tant au nord qu’au sud, est terre de poésie. Depuis les grands symbolistes – Verhaeren, Maeterlinck – le genre a trouvé ses lettres de noblesse et a réussi à s’adapter aux mouvements internes qui ont animé la littérature nationale. Il en est de même des petites maisons d’édition, parfois très confidentielles, qui existent sur le territoire et pour lesquelles on espère vivement que cette période d’incertitude ne soit le chant du cygne. Peu médiatisées, ces structures éditoriales sont pourtant essentielles à la diffusion de cette littérature poétique qui constitue assurément, sur un plan international, une des marques de fabrique de la Belgique littéraire. Un petit tour d’horizon donc pour épingler quelques recueils récents, parus pour la plupart quelques mois avant le confinement.

Parmi ceux-là, le beau premier livre d’une bruxelloise, Anna Ayanoglou, Le fil des traversées, chez Gallimard qui nous entraîne aux confins de l’Europe baltique, avec une musique intérieure très personnelle loin des modes et des artifices.

« Pour ses cours en sommeil / dans son cœur et autour / pour ses maisons aveugles / ses demi-terrains vagues / aux cailloux farineux / le brillant de l’eau noire / dans les caves écroulées / pour ces espaces vacants / pour ce qu’ils sont donnés / et nourrissent les poètes / les pochetrons et les adolescents »

On poursuit avec Karel Logist et son recueil, Un cœur lent, une poésie du quotidien, légèrement décalée où surgit toujours, au détour d’un vers, un brin d’humour et d’incertitude.

« Une étude scientifique / serait en cours / qui tend à démontrer / que la procrastination / est l’une des rares pathologies / qui permettent de vivre plus vieux / plus actif et en meilleure santé / quand on l’interroge / quant à la date de publication / des résultats définitifs de sa future thèse / l’éminent chercheur / se montre plutôt vague »

Avec Benno Barnard, né à Amsterdam mais partageant son temps entre Bruxelles et Londres, la poésie se fait plus âpre, plus violente parfois. Le service de mariage, traduit du néerlandais par Daniel Cunin, dernier livre paru, confirme la voix majeure et la place qu’occupe le poète dans l’espace littéraire européen.

« Bruxelles brûlait de notre rendez-vous / au cœur de la ville tu attendais au soleil / d’une terrasse propre à exciter les sens / Je me dirigeais vers toi / à peine dix minutes / depuis la gare / voyage autour de ma poche / Mais une rue plus loin / au bond de la grande aiguille / des pensées irrationnelles s’emparèrent de moi »

Parmi les images poétiques, les nuages restent l’apanage des poètes qu’ils revisitent à leur façon. Pour Jan Baetens, professeur à l’université de Leuven, avec son livre Autres nuages (2013) comme pour Liliane Schraûwen, le nubile reste sans doute le plus beau moyen d’évasion. Dans Nuages et vestiges (2019), la poétesse ranime encore aussi le souvenir de Bruxelles vivante sous les étoiles.

« Cœur de l’Europe et cœur du monde / c’est à un cœur qu’elle ressemble / même contour même dessin / on vient de loin pour la connaître / des Amériques du Japon / Grand-Place dentelle de pierre / un bel archange la domine / un ange d’or dans le soleil / qui la protège et la défend / là-haut dressé contre le ciel / contre la pluie contre le vent contre le gris »

Et Bruxelles encore sous la plume de Rossano Rosi dans le magnifique recueil Pocket Plan où chaque poème bat son propre tempo, rythmé par le nom d’une artère bruxelloise.

« Voilà. Il sort de chez le bouquiniste, rue du Midi / Pas un regard pour l’azur. Il jubile / Et il jubile. Il heurte une sébile / Pas un regard pour le gymnosophiste / en l’attente de sous, zen, fataliste / Il jubile en ouvrant l’automobile / fier d’avoir viré la bio de Bill / pour dénicher derrière, à l’improviste / ah, ce fouillis ! un Isocrate intact ! / à menu prix ! aux pages non coupées / il jubile, il lâche en silence un pet / de joie tandis qu’il s’installe aux commandes / et qu’il regrette, en mettant le contact / la Correspondance de Sand »

Des styles différents, des visions et des humeurs qui disent la vitalité de cette langue poétique que, souvent, nous envient les voisins français. La poésie dit beaucoup à propos de tout et surtout de rien !

Références des ouvrages cités et de quelques autres :

Rossano Rosi, Pocket Plan, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2008.

Werner Lambersy, L’éternité est un battement de cils, Arles, Actes Sud, 2005.

Karel Logist, Un cœur lent, Liège, Tétras Lyre, 2020.

Anna Ayanoglou, Le fil des traversées, Paris, Gallimard, 2019.

Harry Szpilmann, A propos de tout et surtout de rien, Bruxelles, La lettre volée, 2020.

Liliane Schraûwen, Nuages et vestiges, Dinant, Bleu d’encre, 2019.

Benno Barnard, Le service de mariage, Bègles, Le Castor Astral, 2019.

Jan Baetens, Autres nuages, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2012.

Rony Demaeseneer

Retour sur un coup de cœur …en noir

07 jeudi Mai 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Nous sommes en 1993. Le monde du polar francophone est régi par la plus célèbre des collections, La série noire de l’éditeur Gallimard fondée en 1945 par Marcel Duhamel. Le genre est à son apogée. Certains des titres publiés dans ces années-là deviendront presque cultes. Leurs auteurs aussi d’ailleurs, on pense à Didier Daeninckx, Romain Slocombe, Thierry Crifo, Thierry Jonquet, Patrick Raynal et tant d’autres. Essentiellement dominée par des auteurs masculins, une femme va pourtant faire une entrée fracassante dans la collection durant cette année. Elle est bruxelloise d’origine bretonne et s’appelle Pascale Fonteneau !

Roman coup de poing, Etats de lame peut être considéré comme un sorte d’ovni dans le milieu des « polardeux ». L’auteure réussit le pari de se jouer avec beaucoup de finesse et d’humour des codes qu’impose ce genre à part entière. Livre singulier à plus d’un titre, il l’est surtout par le point de vue du personnage choisi par Pascale Fonteneau puisque le narrateur n’est autre qu’un …couteau. Un couteau qui raconte sa vie passant des mains de l’Homme sauvage à celles de celui en blouse grise. Les tribulations d’un couteau qui possède une âme et un corps en somme. Le style du livre est incisif, « tranchant ! », et l’histoire fonctionne à merveille. Mais le récit se double aussi d’une lucide enquête sociologique sur le monde comme il tourne dans ces dernières années du siècle. Le pari était audacieux, Pascale Fonteneau l’a relevé avec talent. Un véritable coup de cœur pour moi à l’époque qui me fit aimer le roman noir. Depuis, l’auteure continue de publier régulièrement. Une vingtaine de titres parus dont le dernier en date, un roman policier pour la jeunesse intitulé Carnaval à Bruxelles. Pour vous mettre l’eau à la bouche, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les premières lignes comme sur le fil d’un rasoir, vous comprendrez immédiatement !

« Je suis depuis si longtemps coincé entre une grenade et une kalachnikov que la violence de leurs aciers est devenue la mienne. Au point de me faire perdre la noblesse de mon fil. Et mon identité. Au point de me faire oublier la lumière du jour, et de me laisser surprendre par elle. Au point de m’étonner qu’une main puisse encore se tendre vers moi. Me caresser. M’empoigner fermement. Déjà je suis bien. Qu’il est doux de se laisser aller au creux d’une paume virile et sûre. De s’abandonner. De se faire guider sans retenue, confiant. De sentir les doigts qui vous touchent, vous découvrent, et vous redonnent la vie. Irréel. Le plaisir revient soudain, presque inattendu. La main qui serre, la pression du doigt. Presque l’ivresse. J’essaie d’imaginer ma nouvelle existence. Je devrais dire notre existence. La mienne, et celle de l’homme à qui j’appartiens désormais. L’union forcément immorale d’un maître éphémère et d’un esclave immortel. J’aime l’immortalité, la violence et la mort. Avec les regards apeurés et les gestes de recul, ils font mon existence même. Sans âme, ni sexe. Une lame. Un couteau. Statiques et meurtriers. Il fait à nouveau très noir ! ».

Bibliographie sélective :

Otto, Paris, Gallimard, 1997

La vanité des pions, Paris, Gallimard, 2000

Contretemps, Paris, Le Masque, 2007

Hasbeen, Bruxelles, Aden, 2010

R. Demaeseneer

La littérature, source éternelle d’écriture…

30 jeudi Avr 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Qu’est-ce qui pousse une jeune femme à écrire, à se lancer dans cette entreprise solitaire et en retrait du monde ? Avec son premier livre, Karen et moi, sorti en 2011, c’est à cette question que l’auteure belge Nathalie Skowronek tente de répondre.

En prenant appui sur sa passion pour l’écrivaine Karen Blixen, auteure danoise de La ferme africaine, dont elle retrace l’itinéraire mouvementé, elle s’interroge sur sa propre destinée. A la biographie qui s’amorce, Nathalie Skowronek mêle ses propres doutes, sentiments, des émotions qui naissent directement du compagnonnage qu’elle entretient depuis de nombreuses années à travers les livres de Karen Blixen. Le tour de force ici réside dans la progression lente et le dosage parfait que l’auteure belge arrive à distiller, passant de la vie de celle qui l’inspire à sa propre interrogation sur l’acte d’écrire, tout cela avec beaucoup de finesse. Le début du livre est dès lors une sorte de préface dans laquelle elle se pose la question de savoir ce qui la pousse à toujours revenir vers l’œuvre de cette auteure danoise. Pourquoi se sent-elle si proche d’elle ?

« Les volumes s’accumulent sur la table de mon bureau. Des éditions courantes, des traductions. Je les classe en piles et corne les pages. Je prends des notes aussi. Dans le tas, il y a un essai en danois sur le père de Karen – je ne lis pas le danois mais il me semble ainsi me rapprocher d’elle -, quelques ouvrages illustrés, puis les romans, les contes et la correspondance. […] Cela fait longtemps que Karen est entrée dans ma vie. J’étais déjà familière de son aventure africaine, de Denys et de Bror, les hommes de sa vie, de son attachement aux animaux, et puis, il y a peu, j’ai ressenti un besoin impérieux de revenir vers elle. Moins pour elle que pour moi, à dire vrai. »

A partir de là, la petite fille solitaire qui entreprend d’écrire va comprendre que ses aspirations enfouies sont en fait celles que décrivent avec subtilité l’œuvre et la vie de Karen Blixen. Serait-elle en somme le double de Karen ? Un premier livre totalement réussi ! Un vrai coup de cœur !

Et la suite me direz-vous ? Jusqu’au dernier ouvrage, La carte des regrets, sorti quelques semaines avant le confinement et qui marque un tournant dans sa production, Nathalie Skowronek explorait surtout une histoire familiale chamboulée notamment par la guerre. Des livres comme autant de fouilles autobiographiques d’une maîtrise parfaite. Une recherche de ces destins singuliers qui ont jalonné son existence. Quatre autres livres depuis celui-ci qui forment comme un cycle. Une auteure belge à suivre assurément !

Bibliographie sélective de Nathalie Skowronek :

Max, en apparence, Paris, Arléa, 2013

La Shoah de M. Durand, Paris, Gallimard, 2015

Un monde sur mesure, Paris, Grasset, 2017

                                                                                                                     R. Demaeseneer

Plaisir de la relecture en compagnie de Raymond Ceuppens

27 lundi Avr 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Plaisir de la lecture ! Mais aussi de la relecture. Et quand, à la redécouverte d’un auteur, l’émotion est au rendez-vous, alors on sait que cet auteur fait assurément partie de notre univers littéraire. C’est le cas avec Raymond Ceuppens malheureusement trop oublié.

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Et pourtant, avec l’obtention du prix Rossel en 1982 pour L’été pourri (celui vers lequel on semble s’acheminer cette année), Raymond Ceuppens (1936-2002) sort de l’anonymat presque malgré lui. C’est pourtant déjà le troisième livre qu’il publie chez l’éditeur parisien Denoël, ce qui n’est pas rien. Mais l’auteur est discret et cherchera à le rester non par pose mais bien pour préserver une forme de liberté authentique forgée au vent du large. Navigateur solitaire de la littérature belge comme l’écrivait Jacques De Decker à son propos (in Le Soir, Un charpentier des flots, 6/9/2002, article paru au décès de l’écrivain à 66 ans), l’auteur n’a que faire de reconnaissance institutionnelle. Pour preuve ? À la sortie du livre, Ceuppens est invité par Bernard Pivot sur le plateau de l’émission Apostrophes. Il déclinera l’invitation arguant de son incapacité à parler de ce métier d’écrivain qu’il n’a pas choisi et qui au fond « l’emmerde ». Peu importe l’authenticité de l’anecdote ou la véritable raison du refus. L’auteur, né en 1936, est issu d’une famille d’artisans bruxellois dont il tire très tôt sa passion pour la peinture et la photographie. On lui doit d’ailleurs de très belles gravures représentant  des scènes de vie dans les bars et les rues du quartier Matonge à Bruxelles. Mais c’est avant tout l’univers des ports et des marins qui l’attire. Dans un superbe portrait réalisé pour la RTBF en 1983 (en ligne sur le site de la Sonuma en tapant Ceuppens dans le champ de recherche), l’auteur est filmé dans ces décors de canaux qui serviront de toile de fond à ses romans et se livre parfois avec dérision sur l’acte d’écrire: « à choisir entre patron pêcheur et être Graham Greene, je choisis sans hésiter le premier métier ! » Tout est dit ! Après un passage par l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, Raymond Ceuppens enchaîne les petits boulots mal payés qui le rapprochent des embarcadères. Radoubeur, batelier, ouvrier-charpentier sur des chantiers navals mais aussi journaliste ou photographe, tout est bon pour l’homme qui se sent proche de ces miséreux et marginaux qui peuplent les zones portuaires.  Logiquement, c’est ce « petit peuple » où se côtoient prostituées, marins  à quai, clochards, chômeurs qui nourrira les romans. Des personnages souvent désenchantés, taiseux comme le sont les ouvriers rentrant du labeur, des protagonistes la plupart du temps simples, instinctifs, fragiles, solitaires mais néanmoins unis par une forme de solidarité souterraine et à l’écoute d’une sensibilité qui parfois les dépasse. En somme, des résignés lumineux ! Il y a assurément du Brel dans l’écriture de Ceuppens

Au-delà des intrigues somme toute minces, Raymond Ceuppens s’attache dans son œuvre à camper une atmosphère, celle des canaux où chaque détail est étroitement lié à l’humanité des gens qui y vivent. Une poésie subtile des estuaires et de la grisaille qui estampille la manière de notre contrebandier des lettres.

Extrait de L’été pourri, prix Rossel 1982:

« Le lendemain le vent avait tourné au nord. Le soleil s’était levé en boule rouge au travers d’un brouillard de mauvais temps, puis le ciel avait blanchi comme lors des derniers froids de printemps et la température avait baissé. Dans l’après-midi il s’était mis à pleuvoir et l’espace était redevenu gris et clair comme au début de novembre. L’eau reflétait le ciel presque blanc et, de l’autre côté de la rivière, les arbres feuillus grisaillaient. Sur la rive l’étroite rue qui serpentait entre les briqueteries désaffectées et les anciennes maisons ouvrières était baignée d’une lumière d’été froid, l’eau boueuse des bras des canaux qui s’avançaient de quelques mètres dans les terres ouvrait des lumières presque ensoleillées dans les venelles plongeant vers la rivière. »

Voilà, le décor est planté, les personnages peuvent dès lors exister. Magie de l’écriture. Un auteur à redécouvrir absolument !

Bibliographie sélective :

Un peu plus vers la mer : nouvelles, Bruxelles, Les Carnets du dessert de lune, 2008, 164 p.

À bord de la Magda (rééd.), Bruxelles, Espace Nord, 1998, 208 p.

La puissance du manque : roman-théâtre, Mons, Éd. du Ceriser, 1993, 128 p.

Le bar des tropiques, Paris, Denoël, 1986, 132 p.

L’été pourri, Paris, Denoël, 1982, 243 p.

Rony Demaeseneer

La littérature de père en fille… et bien au-delà

23 jeudi Avr 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

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Fille de Jean-Claude Pirotte qui nous a quittés il y a quelques années et qui, sans doute, était l’une des plus grandes plumes de la littérature belge, Emmanuelle Pirotte, historienne de formation, a réussi, en quatre livres, à imposer une écriture personnelle et maîtrisée. Son premier ouvrage, Today we live, publié en 2015, donnait déjà le ton.

D’emblée, la critique lui reconnaît un style original, percutant. Pour preuves, le livre reçoit plusieurs prix dont celui des lycéens et est immédiatement traduit en quinze langues. Avec ce premier livre, l’auteure nous entraîne dans les dernières années de la guerre. L’offensive des Ardennes bat son plein, dernier baroud d’une armée allemande en déroute. Nous suivons la destinée de Renée, enfant juive de 8 ans, qui échappe de peu à une exécution grâce au sursaut d’humanité d’un soldat allemand. Mais Mathias est-il vraiment celui qu’on croit, le sauveur ? Outre le rendu précis des faits historiques, l’auteure excelle sans doute dans les descriptions psychologiques fines et complexes qui rendent compte des zones grises que chaque personnage porte en lui. Ce qui nous frappe également, c’est assurément la cadence soutenue avec laquelle Emmannuelle Pirotte avance dans le récit en distillant avec beaucoup d’ingéniosité souvenirs, impressions et retours en arrière . Un style cinématographique haletant qui n’est pas sans rappeler l’écriture scénaristique qu’elle pratique par ailleurs.

Un succès d’entrée de jeu donc pour cette namuroise qui va nous surprendre avec la publication des trois autres livres. Si la force d’un auteur, en particulier un romancier, est peut être de pouvoir se renouveler, alors Emmanuelle Pirotte est très certainement à placer en tête de liste.

Un second livre en 2016, dans la foulée, De Profundis, (on remarquera le choix d’un titre en latin succédant à celui en anglais), assez différent mais de circonstance puisqu’il s’agit ici d’un roman d’anticipation qui nous projette dans un monde post-apocalyptique touché par un virus destructeur. On suit cette fois le destin de Roxanne qui doit survivre dans une Bruxelles ravagée. Un roman puissant, dérangeant et en quelque sorte anticipatoire qui résonne tout particulièrement aujourd’hui en ces moments troublés. Suivront encore deux livres aux tons très différents même si tous deux sont ancrés dans l’Histoire, Loup et les hommes, récit-fleuve plus ambitieux de 600 pages qui plonge son intrigue dans la cour du roi de France du XVIIe siècle ainsi qu’un roman plus intimiste et très charnel sur fond historique à nouveau, D’innombrables soleils paru en 2019, se déroulant cette fois dans l’Angleterre du XVIe siècle.

On le constate, la palette d’Emmanuelle Pirotte est large, diversifiée mais à chaque fois pleinement maîtrisée. Une auteure de chez nous qui nous surprend à chaque nouvelle publication et dont on attend dès lors avec impatience les prochains opus. Une auteure à suivre et qui mérite pleinement sa place dans nos listes de lecture…A découvrir si ce n’est déjà fait.

R. Demaeseneer

Bibliographie d’Emmanuelle Pirotte

Today we live, Paris, Le Cherche Midi, 2015, 237 p.

De profundis, Paris, Le Cherche Midi, 2016, 285 p. (disponible en livre de poche ou sur le site http://www.lirtuel.be )

Loup et les hommes, Paris, Le Cherche Midi, 2018, 603 p.

D’innombrables soleils, Paris, Le Cherche Midi, 2019, 240 p.

Des pistes de lecture pour partager nos confins…

11 samedi Avr 2020

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur

≈ 2 Commentaires

En cette période particulièrement troublée, chacun à sa manière tente de réinventer non seulement son quotidien mais aussi les façons d’appréhender son travail. Les bibliothécaires n’y dérogent pas ! En marge des tâches administratives, de rangement, de classement, d’encodage qui leur incombent, il suffit de se balader un peu sur la toile pour se rendre compte des nombreuses et belles initiatives que chaque bibliothèque propose pour amener la lecture au cœur des confins.

En temps normal, ces différentes tâches ne laissent que peu de place à la lecture-plaisir, personnelle, solitaire, méditative. Pour le bibliothécaire, ces moments précieux de lecture constituent donc un pan de ce que désormais on appelle le « télétravail ». Une fois l’orage passé, ces lectures porteront leurs fruits puisqu’elles permettront aux bibliothécaires de mieux conseiller et aiguiller les lecteurs curieux vers de nouvelles contrées, libres qu’ils seront de les arpenter ou non.

La bibliothèque de Saint-Josse-ten-Noode vous tiendra donc au courant de ces pépites d’auteurs belges à découvrir au fil de vos déambulations numériques. Une façon aussi, chers lecteurs, de vous donner de nos nouvelles en attendant de vous revoir prochainement au détour de nos rayons…

Aujourd’hui :

Lorsque l’on apprécie particulièrement l’univers d’un auteur, on est impatient et curieux à l’idée de découvrir son dernier opus. En même temps, on repousse la lecture de peur de le dévorer trop vite ou de devoir attendre la sortie du prochain. Personnellement, Nicolas Marchal, originaire de Namur, fait partie de ceux-là, écrivains qui vous surprennent toujours. Chaque livre vient peaufiner un univers personnel où les surprises narratives voisinent avec la jubilation dans l’écriture. Après Le Grand Cerf publié en 2016 chez le même éditeur, dans la collection Plumes du coq, Les faux Simenon confirme le talent de l’auteur. On retrouve avec beaucoup de plaisir les thèmes chers à Nicolas Marchal. La dilection notamment qui est la sienne pour le livre et l’univers des bibliothèques, pour les figures de libraires, de collectionneurs et de bibliothécaires. Une passion « bibliothéconomique »  certes mais dont il joue avec malice, inventant par exemple une liste d’ouvrages  improbables, quête initiatique pour Serge Floyon, étudiant en lettres vivant au milieu des livres. Pour le jeune homme, l’amour est un leurre, seuls comptent la connaissance et la recherche livresques. Jusqu’au jour où débarque à Liège la belle Pilar, étudiante d’origine portugaise passionnée par Simenon. Et puis, il y a aussi Jean-Luc, clochard céleste qui fume la pipe sur un banc au pied de la montagne de Bueren et qui ressemble étrangement à Simenon.

« On n’a pas tous rencontré le Diable. Pour certains, c’est un billet de mille francs qui s’échappe d’un porte-monnaie de vieille dame et qui tombe à nos pieds alors que la vieille dame n’a rien vu. Pour d’autres, c’est une somptueuse voisine de table qui glisse sa main fine sur votre cuisse tandis qu’elle bavarde avec son époux. Pour d’autres encore, c’est ramasser un clou sur le trottoir, juste à côté de l’orgueilleuse voiture de sport qui s’est garée sur votre emplacement de parking. Combien peuvent dire qu’ils ont rendu le billet, giflé l’impudente, jeté le clou au loin en s’abstenant de rayer discrètement la carrosserie d’un petit trait rageur ?

Serge vient de rencontrer son Diable à lui : un livre inconnu écrit par un auteur oublié… »

Chez Nicolas Marchal, tout est affaire de faux-semblant, il n’est jamais là où on l’attend et c’est ce qui nous plaît. Une succession de chausse-trappes qui embarquent le lecteur dans des aventures rocambolesques. Un roman labyrinthique, une écriture pleine d’humour, de jeu et teintée de poésie. P. G. Wodehouse qui s’inviterait dans un livre de Jorge Luis Borges. L’écriture comme jeu de piste, très cinématographique aussi qui se déploie, se déplie lorsqu’il décrit par exemple un cataclysme ou une course-poursuite à travers les galeries souterraines de Liège.

L’ironie de Nicolas Marchal fait du bien, elle souffle un vent de légèreté et d’érudition jubilatoire et se gausse avec intelligence des poncifs littéraires. C’est réussi, c’est palpitant ! Vite le prochain western du Marchal !

Nicolas MARCHAL, Les faux Simenon, Neufchâteau, Weyrich, (coll. Plumes du Coq), 2019, 235 p., ISBN 978-2-87489-558-6, 15€

A découvrir sur le site de l’éditeur : www.weyrich-edition.be

Rony Demaeseneer

Bibliothécaire

 

Le clin d’œil du bibliothécaire… et les nouvelles acquisitions

23 mardi Août 2016

Posted by L'équipe de la bibliothèque in Coups de coeur, Nouvelles acquisitions

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Sur les traces du Condor !

FereyS’il est un genre qui a pu se renouveler au cours du temps, c’est assurément le roman policier. Bien éloignés des classiques du polar à la française, les romans de Caryl Férey, né à Caen en 1967, n’ont rien à envier aux thrillers américains. Influencé par la culture rock et punk des années 80’, l’auteur découvre vers 20 ans la Nouvelle-Zélande. Un véritable coup de foudre qui donnera la matière de ses premiers romans. Des titres qui claquent et frappent comme des cris maoris, Utu (2004), Haka (1998), Zulu (2008). Récompensés par de nombreux prix, certaines de ses aventures ont été depuis adaptées au cinéma.

Avec ce dernier opus paru cette année, Condor, Caryl Férey nous entraîne cette fois-ci du côté du Chili pour un road-movie haletant entre la banlieue pauvre de Santiago et les plaines des terres des indiens Mapuche. Même si la violence paraît moins brute, moins présente que dans ses livres précédents, on retrouve ici les qualités d’écriture et les thèmes chers à l’auteur : la condition des peuples autochtones, le clientélisme, les magouilles oligarchiques, etc. Plus politique et psychologique, Condor développe un aspect sociologique qui mêle à l’intrigue principale un regard sur l’histoire troublée du Chili. Esteban, jeune avocat des causes perdues et Gabriela, étudiante indienne qui rêve de devenir vidéaste, vont se trouver par hasard et ne se quitteront plus. Une relation amoureuse qui les entraînera dans les milieux interlopes de la capitale chilienne où drogue, racket, et meurtres d’adolescents désoeuvrés seront la toile de fond de leur idylle et de leur cavale impossibles.

Comme d’habitude, l’écriture est tranchante, rapide et efficace. 400 pages de révolte et d’action qui se lisent d’une traite comme on avalerait les milliers de kilomètres de la côte chilienne qui longent l’océan pacifique !

                                                                                  R. Demaeseneer

Caryl Férey, Condor, Gallimard, 2016, 416 pages

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