Sur les traces du Condor !
S’il est un genre qui a pu se renouveler au cours du temps, c’est assurément le roman policier. Bien éloignés des classiques du polar à la française, les romans de Caryl Férey, né à Caen en 1967, n’ont rien à envier aux thrillers américains. Influencé par la culture rock et punk des années 80’, l’auteur découvre vers 20 ans la Nouvelle-Zélande. Un véritable coup de foudre qui donnera la matière de ses premiers romans. Des titres qui claquent et frappent comme des cris maoris, Utu (2004), Haka (1998), Zulu (2008). Récompensés par de nombreux prix, certaines de ses aventures ont été depuis adaptées au cinéma.
Avec ce dernier opus paru cette année, Condor, Caryl Férey nous entraîne cette fois-ci du côté du Chili pour un road-movie haletant entre la banlieue pauvre de Santiago et les plaines des terres des indiens Mapuche. Même si la violence paraît moins brute, moins présente que dans ses livres précédents, on retrouve ici les qualités d’écriture et les thèmes chers à l’auteur : la condition des peuples autochtones, le clientélisme, les magouilles oligarchiques, etc. Plus politique et psychologique, Condor développe un aspect sociologique qui mêle à l’intrigue principale un regard sur l’histoire troublée du Chili. Esteban, jeune avocat des causes perdues et Gabriela, étudiante indienne qui rêve de devenir vidéaste, vont se trouver par hasard et ne se quitteront plus. Une relation amoureuse qui les entraînera dans les milieux interlopes de la capitale chilienne où drogue, racket, et meurtres d’adolescents désoeuvrés seront la toile de fond de leur idylle et de leur cavale impossibles.
Comme d’habitude, l’écriture est tranchante, rapide et efficace. 400 pages de révolte et d’action qui se lisent d’une traite comme on avalerait les milliers de kilomètres de la côte chilienne qui longent l’océan pacifique !
R. Demaeseneer
Caryl Férey, Condor, Gallimard, 2016, 416 pages
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